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Le voyage, un retour vers l'essentiel
22 novembre 2018

INDE - LE RAJASTHAN

C’est grâce à une belle opportunité proposée par le comité d’entreprise du Conseil Général, à un tarif défiant toute concurrence que du 16 au 27 mars 2013, nous partions avec la compagnie Air France, à la découverte du Rajasthan, dans le nord de l’Inde, terre de contrastes où se mêlent traditions ancestrales et vie moderne.  

 

            Arrivés à l’aéroport de Delhi dans la soirée, nous étions accueillis par notre guide Ram. Notre groupe de 38 personnes faisait rapidement connaissance, aidé en cela par le burlesque de notre départ dans le bus. En effet, les soutes étant pleines, une dizaine de valises restantes trouvaient difficilement place dans la cabine de conduite, séparée du couloir par une porte. On se demandait bien où on allait bien pouvoir mettre le chauffeur, chacun y allant de son trait d’humour, certains même étant en plein fou rire. Rien de tel pour briser la glace. Tant bien que mal, le problème allait être cependant résolu, notre guide se chargeant de retenir les bagages qui menaçaient d’écraser notre pilote, à chaque virage.

 

            La nuit réparatrice passée, nous faisions un tour de la ville passant par la Voie Royale Rajpath, large avenue où s’élèvent respectivement l’India Gate, l’Arc de triomphe, inspiré par celui de Paris et le Rashtrapati Bhawan, ancienne résidence du vice-roi aujourd’hui celle du Président.

                                                   

            Nous partions ensuite en direction de la province semi-désertique de Shekawati. En cours de route, nous déjeunions dans un restaurant qui aura l’avantage de nous habituer aux mauvais côtés des us et coutumes de ce pays. En effet, Michou revenant des toilettes paya le pourboire correspondant, mais au lieu de lui rendre la monnaie sur 1000 Roupies, on essaya de la lui rendre sur 500. Nos voisins de table, faisaient l’objet de la même « erreur » pour le paiement de leurs bières. Un autre couple se retrouvait à devoir payer les cartes postales 100 Roupies, pourtant annoncées à 50.

           

            De retour dans le bus, Ram nous demanda si tout c’était bien passé. Impeccable, répondis-je, signalant cependant une certaine malhonnêteté  de la part du personnel de l’établissement. Surpris, notre guide proposa alors, pour éviter les problèmes, d’instituer une cagnotte collective que l’un d’entre nous détiendrait pour régler les divers pourboires. Je refusais d’en assumer la responsabilité comme il le proposait, préférant, avec l’accord de tous, lui en laisser la prérogative. Je ne sais pas si le fait d’avoir ouvertement exposé  ce disfonctionnement au nom de tous,  faisait de moi, à ses yeux, un quelconque chef, toujours est-il que tout au long du séjour, dès qu’il ne me voyait pas j’avais droit à ses appels Bernard par ci Bernard par là. Mes nouveaux amis s’en amusaient d’ailleurs, n’hésitant pas à m’appeler eux-mêmes aussitôt que Ram se retournait ou s’arrêtait.

 

            Avant de partir et pour éviter les désagréments urinaires rencontrés lors de mes précédents voyages, j’avais demandé à mon médecin un médicament me permettant d’y remédier. Et heureusement, car le bus n’étant pas équipé de toilettes, nous passions parfois plus de trois heures sans nous arrêter. Lorsque c’était le cas, c’était souvent dans des endroits improbables, par exemple dans de  grands champs, les femmes d’un côté de la route, les hommes de l’autre. Pour la gent féminine, il s’agissait certainement d’une grande première collective.

 

            En fin d’après-midi, nous arrivions à Mandawa pour y apprécier les plus belles Havélis, petits hôtels particuliers de riches marchands, aux décors remarquablement ouvragés. Ces petites maisons, dont les façades sont peintes de scènes charmantes, dévoilent leur richesse, lorsque l’on pousse les lourdes portes de bois qui marquent l’entrée de la demeure. On pénètre alors dans un domaine principalement réservé aux femmes, leur permettant de se soustraire aux regards de la rue, tout en jouissant des charmes des cours intérieures, ornée de piliers sculptés et peints. 

 

            Le lendemain à Bikaner « la rouge », nous visitions l’immense  fort, en grès rouge et marbre blanc de Junagarh, constituée de plusieurs pavillons, de temples et des palais fort bien conservés et richement décorés. Une promenade en tuk tuk, à travers les petites ruelles de la ville, nous amenait jusqu’au bazar de Bikaner et ses commerces, ainsi qu’à la rencontre des artistes locaux spécialisés dans les peintures de miniatures

 

            Sur la route de Sodakore, notre nouvelle destination, nous faisions un arrêt dans un café typique pour y voir la préparation locale des pâtisseries indiennes, très réputées dans la région. Dès notre arrivée, nous sautions dans des jeeps pour nous rendre vers les dunes de sable du désert du Thar afin de faire une balade à dos de chameau. À l’issue de celle-ci, nous prenions tranquillement l’apéritif, un whisky local, offert par Ram, dans le calme de cette immensité désertique. Les moins timides, dont je faisais évidemment partie, étaient chargés d’amuser la galerie avec des histoires drôles, en attendant d’assister au spectacle inoubliable d’un coucher de soleil magnifique sur les dunes.

 

            Les deux nuits suivantes, nous dormions dans un hôtel en pleine nature dans des tentes d’un grand confort.

 

            Dès la fin du petit-déjeuner, nous nous rendions dans la ville fortifiée de Jaisalmer, ancien passage obligé des caravanes d’épices et d’opium entre la vallée de l’Indus et l’Asie centrale. Sa forteresse aux murailles dorées se dresse dans le désert du Thar et ses ruelles pittoresques recèlent de nombreux trésors architecturaux ainsi que de belles demeures aux façades finement sculptées.

           

            Un peu plus loin à Bara Bagh, nous visitions un ancien jardin des souverains de Jaisalmer y découvrant leurs cénotaphes, édifiés sur une colline, située près du lac artificiel de Gadi Sagar, unique source d’eau du désert, en contrebas, dans un très beau décor.

 

            Le soir, nous étions conviés à un cours de cuisine indienne puis nous assistions, pendant le dîner, à un spectacle de danses et musiques traditionnelles.

 

            Le jour d’après, nous allions être de nouveau confrontés au côté négatif de ce magnifique pays. La conduite s’avérait plutôt « rock and roll », il valait mieux ne pas trop regarder la route, car à chaque dépassement, on se demandait vraiment si notre chauffeur aurait le temps de se rabattre et éviter les véhicules arrivant en face. On commençait à s’y habituer, notre pilote semblant maîtriser son sujet. Pourtant, ce jour-là, on entendit un bruit bizarre, semblant provenir d’un choc, un véhicule nous avait apparemment croisé de trop près. Après un tour d’inspection du bus qui n’indiquait aucun dégât particulier, nous reprenions la route, jusqu’à ce que plusieurs véhicules nous klaxonnent, nous doublent et nous obligent à nous arrêter. Là, notre guide nous informait du problème, à savoir que l’un des conducteurs reprochait à notre chauffeur de l’avoir percuté et d’avoir occasionné des dommages à son véhicule, mais sans toutefois apporter la moindre preuve que nous en soyons vraiment les responsables. Pourquoi ne serait-ce t-il pas lui-même déporté ? Et comment savoir si les traces constatées sur sa carrosserie venaient d’être faites ? Il avait pris soin, avant de faire demi-tour, de s’adjoindre des complices pour faire d’une part pression afin d’obtenir l’argent nécessaire au soi-disant préjudice et d’autre part, au cas où cela tournerait mal pour lui. En fait, il s’agissait d’un racket organisé, arnaque apparemment assez courante sur les cars de touristes en Inde. Deux alternatives s’offraient alors, soit notre chauffeur payait la somme demandée, représentant à peu près ce qu’il allait gagner pour nous accompagner, soit nous attendions longuement la police et nous perdions la journée avant que ne se règle le problème. D’un commun accord, l’ensemble de notre groupe se cotisait pour régler l’intégralité de la somme, ce qui, partagée en quarante ne représentait pas un gros investissement. D’une part, nous pouvions continuer notre route, mais surtout cela déchargeait notre chauffeur d’un très gros souci financier. Le pauvre ne trouvait pas les mots pour nous remercier, Ram, notre guide, lui, était dithyrambique quant à notre contribution.

 

            Le problème enfin résolu, nous poursuivions notre route, avec un arrêt dans une école où nous étions les seuls du groupe  à avoir pensé à amener des fournitures scolaires dans ce pays qui en manque cruellement, tout du moins dans les endroits isolés du territoire. Je me délestais donc d’un grand nombre de cahiers, de stylos et de crayons pour le plus grand plaisir des élèves les plus démunis, orienté en cela par les recommandations avisées de la maîtresse.

 

            Dès lors, nous pouvions atteindre Jodhpur, la « ville bleue », réputée pour ses cavaliers qui laissèrent leur nom à un pantalon : le jodhpur. On découvrait la vieille ville, entourée d’un mur d’enceinte percé de sept portes et ses bazars colorés autour de la Clock Tower où exercent les marchands et artisans de toutes sortes. Les étals de ces marchés débordent d’étoffes à sari, d’épices de grains, de fruits et légumes.

 

            Nous visitions ensuite l’impressionnante citadelle, posée sur un promontoire à 122 mètres, le « Mehrangarh Fort », aujourd’hui en grande partie un musée, formée de plusieurs palais, qui domine la ville. Nous poursuivions par le Jaswant Thada, superbe mausolée de marbre blanc, surnommé « le petit Taj Mahal », construit en mémoire du maharadja Jaswant Sing.

 

            En fin de journée, nous prenions part à une démonstration d’essayage de saris et de la pose de turbans. Inutile de chercher bien loin la personne masculine désignée pour faire office de modèle : bibi, occasion avec mes deux partenaires féminines de faire un show humoristique devant un parterre réceptif mais également très railleur.

 

            Le lendemain, départ vers Puskhar, charmante petite ville blanche, dominée par des collines et située sur les berges d’un des lacs les plus sacrés d’Inde. Ce petit lac aux eaux bienfaitrices est entouré par 52 gâths, ces petits bassins dans lesquels nous assistions aux ablutions des fidèles. Pushkar est la seule ville où l'on vénère Brahma, le Créateur, premier dieu de la trinité hindoue et rares, sont les temples qui lui sont dédiés. Outre son temple, nous découvrions celui de la sainte populaire et poétesse Mira Bai, ainsi que d’étranges sanctuaires consacrés à des divinités locales.

 

            Le matin suivant, direction Jaipur, la « ville rose », capitale de la province du Rajasthan, présentée comme la ville la plus colorée de l’Inde, qui dégage une ambiance particulière avec ses bazars très animés, bouillonnant d’activités et bondés de marées humaines aux turbans multicolores. Pour nous imprégner de l’ambiance de la cité, nous nous invitions à une petite balade en « rickshaw », transport urbain d’un autre temps. Dans les rues, vaches, éléphants vélos et taxis se croisent dans un grand bruit de klaxons, pour un bain de foule fort sympathique. Au cœur de la vieille ville, sous forme de carré, encerclée par un épais mur percé de neuf portes, se trouve le vaste complexe palatial du City Palace, protégé par deux statues d’éléphants. Nous continuions notre excursion par une visite à l’observatoire astronomique « Jantar Mantar », puis devant l’étonnant Palais des vents « Hawa Mahal » avec sa façade rouge. Nous faisions également le tour de l’artisanal local, pierres précieuses, poteries, peintures, tissus et tapis.

 

            Le jour d’après, à dos d’éléphants, comme le faisaient les maharajas à l’époque, nous nous rendions au magnifique fort d’Amber avec ses remparts et ses tours de guets impressionnants, construit sur une colline dans un très beau paysage. Siège originel du pouvoir royal, c’est l’un des plus beaux édifices du Rajasthan avec des cours entourées de luxueux palais, de halls d’audience et d’appartements privés décorés de miroirs et de mosaïques, une succession de pièces richement ornées de pierres taillées. En plus des édifices princiers, il faut ajouter le temple dédié à la déesse destructrice Kali.

 

            Le soir, nous avions un aperçu du cinéma indien, plus communément appelé « Bollywood » où l’on peut vibrer, rire ou bien pleurer au diapason des spectateurs, dans la plus grande salle d’Asie, le « Raj Mandir ».

 

            La journée suivante commençait par un passage à Fatehpur Sikri, « ville de la victoire », capitale impériale de l’Empire moghol, pendant une dizaine d’années. C’est un ensemble architectural très homogène avec de nombreux monuments et temples, comme le palais Jodha Bai, celui de Birbal, le Punch Mahal, un curieux bâtiment de cinq étages ressemblant à un monument bouddhique, ou encore la grande mosquée Jama Masjid abritant le tombeau d’un saint musulman. Nous quittions cette ville fantôme par la Porte de la Victoire « Buland Darwaza », la plus grande d’Asie avec ses 53 mètres de haut.

 

            Nous reprenions notre longue route pour notre nouvelle destination Agra, l’un des hauts lieux de l’art et de l’architecture Moghols, avec ses deux monuments les plus prestigieux, le Fort Rouge et le Taj Mahal qui illustrent la perfection esthétique qu’atteignit l’art hindo musulman sous la dynastie moghole. Un cocktail, un diner de spécialités Tandoori et un petit spectacle de magie paracheva notre journée.

 

            Le dernier jour, dès l’aube, nous faisions une petite balade en « Tongas » charrette à cheval, l’un des moyens de transport local pour nous rendre au plus beau monument d’Inde, le fascinant Taj Mahal « Palais de la Couronne ». Considéré comme la huitième merveille du monde, son histoire est empreinte de sentiment : le sultan moghol Shah Jehan voulut ériger pour sa femme favorite une sépulture à la mesure de son amour. Élevé dans un jardin au bord la rivière Yamunâ, ce majestueux monument avec ses marqueteries de pierres semi-précieuses incrustées dans le marbre d’une pureté incroyable est un bel exemple de l’architecture moghole mêlant aussi les architectures ottomanes, indiennes, islamiques et iraniennes. Un vrai joyau grandeur nature !

            À proximité immédiate des jardins du Taj Mahal, le Fort Rouge d’Agra est une puissante citadelle de grès rouge enserrant dans son enceint de 2,5 kilomètres de périmètre la ville impériale abrite une enfilade de palais de marbre féeriques comme celui de Jahangir, des salles d’audience comme le Diwan-i-Khas, de deux belles mosquées, comme celle de Mina Masjid et de superbes jardins.

                                                   

            De retour à Delhi, nous faisions une toute dernière visite, dans le Temple Sikh de Gurudwara Sisganj. La morale Sikh rejette certaines pratiques jugées inhumaines de l’Inde, tels que le système des castes. Pour entrer, obligation de se déchausser, port d’un bandana et passage par un pédiluve. Nous passions devant un grand réfectoire où les fidèles préparaient des repas pour les plus démunis.

 

            Ainsi s’achevait notre périple de plus de 1500 kilomètres à travers des routes difficiles. Malgré un groupe de 38 personnes, il a régné une entente et une connivence vraiment parfaites. D’ailleurs quelque temps après notre séjour, nous nous sommes pratiquement tous retrouvés à Pessac chez Jacques, l’un des membres pour un repas type auberge espagnole et une super soirée souvenirs.

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